Il a repris son souffle, scrutant mon visage, à la recherche de la moindre émotion. J’ai figé mon visage, perdue entre la tristesse, l’indignation, la colère, la douleur et l’incompréhension. La seule chose que j’ai pu répondre :
« Tu me racontes ça pour te soulager la conscience mais tu es au courant que je ne suis pas prêtre ? Que je n’ai pas vocation à supporter la boue des autres juste pour les soulager de leurs erreurs ? Si tu cherches une rédemption, va dans une église. »
Ce jour-là, quelque chose s’est brisé entre nous. Chaque heure qui passe n’est qu’une tentative vaine de réparer le mal qui a été fait, des tentatives empreintes d’incompréhension, de tristesse et bien entendu de mal-être. A chaque vol me revient cette image mentale qu’il a sournoisement mise dans mon crâne. Ce peignoir blanc, son corps déshabillé, enlacé dans les cuisses d’une autre, le souffle s’accélérant, leurs bouches s’arrachant l’une à l’autre, les mains dans ses cheveux, les mains de cette fille s’appropriant ce que je pensais être mon territoire pour toujours. Tous ces détails qu’il a pu me donner pour se soulager la conscience comme on va à confesse hantent les trous d’ennui de mon esprit. Tantôt brune, tantôt blonde, parfois en tout point semblable à qui je suis et parfois si différente que cela en est troublant, cette fille est devenue le héraut d’une trahison qui nous décompose à petit feu, comme un cadavre pourri sous terre. J’aurais aimé qu’il soit fort, j’aurais aimé à défaut de ne pas céder à la tentation, qu’il ait le courage de garder cet événement enfoui au fond de sa mémoire, là où se rangent les choses honteuses, interdites ou secrètes de l’existence.