En sortant du train

18 heures, l’heure fatidique pour faire un Lyon-Paris. En semaine, le passager moyen est un homme encravaté de 40 ans, un HP ou un Lenovo avant-dernière génération sur la tablette trop basse du siège de seconde classe, une montre un peu trop visible pour être sincère et cette sale manie d’étaler ses jambes comme s’il était seul au monde. Ça donne l’air d’être important, le voyage professionnel. Le costume noir permet de rentrer dans le rôle et la chemise blanche ou bleue claire finit de convaincre qu’on parle de choses sérieuses ici, qu’on n’est pas là pour le plaisir, qu’on est important et que des gens encore plus importants comptent sur nous.

Pourtant, 2 heures plus tard, l’homme a baissé la garde. Il s’est effondré de fatigue sur son clavier, il a dormi la bouche ouverte, les yeux plus fermés que son dernier, les jambes courbaturées d’avoir été pliées dans un espace beaucoup trop petit. Le costume-cravate est devenu aussi ridicule qu’un déguisement d’Arlequin et a laissé place à l’être fatigué, sensible, affaibli.

Il n’y a rien de plus beau qu’un homme en costume qui baisse la garde.

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