Quatrième mur

L’acteur est nu sur la scène. Devant plus de 600 personnes qui n’arrivent pas à détacher leur regard, dans le silence pesant d’un théâtre plusieurs fois centenaire, il est recouvert d’une épaisse cendre. Son visage porte le secret d’une âme qui s’est abandonnée pendant plus de deux heures et pourtant, dans un instant, elle va réapparaître – une seconde de silence, comme pour mieux comprendre, se rappeler, casser le quatrième mur et revenir à la vie. Reprendre son souffle pour vérifier que ce qui vient de se passer n’était pas réel, n’était qu’illusion, n’était pas la vie mais une interprétation de la vie.

Puis il y a ce geste, ce technicien qui vient apporter à l’homme nu un peignoir à nouer le long de son corps, comme si ce dernier était devenu au même instant honteux. Couvrez cette vérité que je ne saurais voir. Cette seconde précise où le comédien passe du rôle à la réalité, de l’expression artistique à l’obscénité d’une nudité publique me fascine.

Ce tissu noir descendu comme un rideau tombe sur la scène comporte en lui un degré de poésie que l’on tend à oublier. Une vulnérabilité qui pousse le comédien à son plus haut degré d’humanité. Alors seulement peut-il saluer.

 

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